Fondation pour l'Inclusion Digitale

1. Quelle est la vision de l’inclusion numérique au sein de votre organisation?

La Fondation pour l’Inclusion Digitale a été créée dans le contexte du Covid-19, qui a mis en lumière l’importance des inégalités numériques. Ainsi, l’inclusion numérique est au cœur même de la mission de la fondation au quotidien. En effet, notre projet est celui de la réduction de la fracture numérique localement. Pour nous, il ne s’agit pas uniquement d’une lutte contre la précarité et l’isolement mais aussi d’une lutte pour l’égalité des chances via l’accès à toutes et tous à ses droits démocratiques. 

L’illectronisme devient le nouvel analphabétisme. Dans une société égalitaire, il est maintenant indispensable de donner accès au numérique, d’apprendre à l’utiliser et de continuer de proposer des alternatives au numérique ; sans quoi les droits de nos concitoyens ne peuvent désormais plus être garantis.

2. Quel est le public cible dans le cadre de votre projet ? Pourquoi vous a-t-il semblé nécessaire de proposer un projet d’inclusion numérique pour ce public cible ? Comment procédez-vous pour atteindre votre public cible dans le cadre de votre projet ?

Notre public cible est composé des personnes les plus vulnérables numériquement. En effet, ce sont des personnes majeures (18+) en situation de précarité notamment réfugiées, sans-abris, les séniors, les jeunes et les personnes en situation de handicap. Or, ce sont parmi ces publics que l’on retrouve le plus de personnes qui n’ont pas les moyens financiers pour s’équiper de terminaux d’accès au numérique (smartphones, tablettes, …) ou les compétences techniques nécessaires à l’utilisation des outils numériques et d’internet.

Ce sont également les personnes qui ont le plus besoin du numérique. En effet, accéder au numérique est désormais devenu indispensable pour rompre l’exclusion sociale et accéder à ses droits fondamentaux. Pour cela, le smartphone est un outil privilégié. Par exemple, avoir un numéro de téléphone est primordial pour être joignable lorsqu’on recherche un emploi. Il est donc nécessaire de rendre le numérique accessible à toutes et tous.

Pour atteindre un public cible aussi varié, la Fondation a construit un écosystème d’organisations œuvrant auprès de personnes les plus vulnérables. Cet écosystème est composé par exemple d’associations de terrain et de CPAS. Concrètement, nous concluons des accords de partenariats avec ces associations de proximité afin de trouver notre public cible.

3. Quelle méthodologie avez-vous utilisée pour réaliser ce projet ? En quoi cette méthodologie est-elle innovante ? Comment impliquez-vous votre public cible dans les activités proposées ?

Nous équipons des personnes vulnérables à la fracture numérique en leur donnant gratuitement des smartphones et tablettes reconditionnées localement. Nous contribuons ainsi à outiller des personnes précarisées tout en donnant une seconde vie à des appareils très polluant à produire neufs. Cela nous coûte environ 50 euros par appareil pour lui donner une deuxième vie.

Notre fonctionnement en écosystème, nous permet de proposer des projets plus pertinents. En effet, nos partenaires réalisent des formations gratuites à l’utilisation des appareils. A la fin de la formation, le smartphone ou la tablette sur laquelle le bénéficiaire a appris, lui est offerte. Le bénéficiaire a pu apprendre les manipulations les plus pertinentes à son usage et télécharger les programmes/applications qui le concernent. L’alliance entre un appareil et une formation est la meilleure garantie d’une utilisation ultérieure et durable par nos apprenants.

 

4. En quoi votre projet peut-il créer un effet de levier (être une source d’inspiration) pour la réalisation d’autres projets d’inclusion numérique de ce groupe cible ? Avez-vous conclu des partenariats avec d’autres acteurs dans le cadre de ce projet ?

De plus en plus d’organisations œuvrant auprès de personnes en situation de fragilité se rendent compte des difficultés qu’à leur public pour accéder aux services en ligne. Elles prennent conscience de l’importance du numérique et sont de plus en plus nombreuses à nous demander de l’aide. Notre fondation peut impulser des projets numériques dans ces organisations de proximité.

En effet, la Fondation a décidé d’allier expériences et ressources pour créer des synergies entre ses partenaires. Par exemple, elle organise des tables rondes annuelles permettant aux acteurs d’échanger sur leurs bonnes pratiques, de s’inspirer ou de créer des projets d’inclusion numérique. Le partage de nos expériences et de nos ressources au sein de cet écosystème permet de développer une approche transversale et structurelle de la fracture numérique, et donc de démultiplier notre impact.

 

5. Quels sont les résultats obtenus suite à la mise en œuvre de votre projet ?

En seulement deux années d’existence, la Fondation a donné 1.357 appareils. Ceux-ci ont soit été directement donné à une personne démunie, soit elle a servi à former plusieurs personnes. Nous estimons avoir pu aider plus de 6.000 personnes avec cet équipement.

Notre impact est concrétisé par les nombreux témoignages qui nous reviennent des personnes pour qui un appareil fut un réel boost dans leur parcours.

Notre initiative protège aussi notre environnement puisque nous estimons que le reconditionnement et l’allongement de la durée de vie des appareils donnés ont contribué à éviter environ 40 tonnes de CO2.

Finalement, 10.000 euros c’est 200 appareils qui serviront à former une personne précarisée aux services essentiels en ligne ou bien à reconnecter une personne âgée avec sa famille. Il y a en Belgique plus de 880.000 personnes actuellement déconnectées (sans accès au numérique) et c’est auprès de ces personnes que notre action se dévoue.

 

6. En quoi votre projet s’inscrit-il dans une stratégie d’inclusion numérique à long terme ?

Notre projet s’inscrit dans une stratégie transversale, qui lutte contre les trois degrés de la fracture numérique. Compte tenu de nos savoirs et ressources, nous avons choisi de nous focaliser sur son premier degré, à savoir les inégalités d’accès aux technologies numériques, condition sine qua non pour pouvoir accéder à internet. En effet, le don de smartphones et tablettes est l’action historique et structurelle de la Fondation. Il est essentiel pour les personnes les plus vulnérables, qui, avant même la question de savoir utiliser le numérique, ont besoin de posséder les outils.

Pour augmenter l’impact et la durabilité de notre action, nous avons créé des partenariats stratégiques qui garantissent la réduction de la fracture numérique du 2ème et 3ème degré via la mise en place d’un accompagnement des personnes dans l’acquisition de compétences numériques et l’utilisation des services essentiels.